Victor Hugo, dans les premiers mots de sa déclaration d’amour à Notre-Dame de Paris, évoque le « produit prodigieux de la cotisation de toutes les forces d’une époque, où sur chaque pierre on voit saillir en cent façons la fantaisie de l’ouvrier disciplinée par le génie de l’artiste ; sorte de création humaine, en un mot, puissante et féconde comme la création divine dont elle semble avoir dérobé le double caractère : variété, éternité. »[1] La contemplation des plus grands monuments anciens suscite une fascination et un émerveillement desquels l’admiration pour la capacité du génie humain est rarement absente. Comment a-t-on pu réaliser pareille merveille, dans des temps où les moyens technologiques manquaient ? Comment a-t-on mobilisé les énergies de milliers de personnes sur des périodes mesurées en siècles ?
En brûlant, le 15 avril 2019, Notre-Dame nous a comme sortis d’une léthargie. Oui, un monument intemporel peut encore être ravagé par les flammes à notre époque. Oui, un président de la République peut encore s’engager, alors que les pompiers s’affairent à éteindre l’incendie, sur le projet insensé de rebâtir la cathédrale dans un délai de cinq ans. En brûlant, Notre-Dame de Paris nous a redit les miracles dont était capable le génie humain, dès lors qu’il savait mobiliser des énergies diverses et des compétences pointues, et les coordonner au service d’un projet exceptionnel. En brûlant, Notre-Dame nous a rappelé les trésors qu’elle abritait, trésors religieux, trésors architecturaux, mais aussi trésors de mobilisation, de compétences, d’inspiration.
L’incendie de Notre-Dame a donné lieu à une mobilisation générale rare : celle, décisive, de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris, qui a dû faire preuve d’une grande agilité pour assumer des choix rapides dans un contexte dramatique, ou celle des innombrables organisations ou individus qui ont souhaité apporter leur pierre à l’édifice de la reconstruction. Comment gère-t-on une telle mobilisation populaire, et à quels écueils est-elle exposée ? L’expérience des Restos du Cœur sera sans doute utile aux organisations qui ont hérité des fruits de celle-ci.
Cet incendie a révélé des savoir-faire extraordinaires, ceux d’individus et d’entreprises capables de prendre en considération les enjeux de précision et de qualité en tenant compte des contraintes d’une reconstruction selon les plans du passé avec les normes d’aujourd’hui. Il a, enfin, engendré une énergie considérable, matérialisée dans l’émergence d’organisations, comme Excurio (anciennement Emissive), à qui l’émotion suscitée par l’incendie a permis d’accélérer le développement de son concept d’expéditions immersives en proposant Éternelle Notre-Dame, une visite virtuelle dans l’histoire de la cathédrale.
Grâce à une mobilisation exceptionnelle, Notre-Dame restera éternelle et pourra continuer à révéler ce que le management produit de plus sublime.
[1] Notre-Dame de Paris, Gallimard, coll. Folio, 1984, p. 156.
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