- Le lancement des Restos du Cœur
- La gestion des Restos du Cœur
- L’appui des médias
- Pari gagné
- L’organisation des Restos du Cœur
- Les résultats
- La diversification des activités
- L’aide à l’insertion
- Éviter l’humiliation
- Priorité à la relation
- L’incontournable projet économique
- La communication interne
- Saprophyte succès
- L’héritage de Coluche
En lançant les Restos du Cœur, Coluche a su mobiliser les médias, conquérir le public, partager son sens festif de la charité et son respect des paumés. Sa disparition n’a pas arrêté cet élan : les donateurs se sont multipliés et des milliers de bénévoles se sont mis au travail. Les Restos du Cœur tentent aussi d’aider à l’insertion certains bénéficiaires en contribuant à la réalisation de leur projet. En 1998, Francis Bour nous avait raconté comment avait été géré la structuration de cette mobilisation populaire d’ampleur.
Exposé de Francis Bour
Après le lancement des Restos du Cœur, en 1986, Coluche a tenu une conférence au cours de laquelle il a dit :
« Qu’est-ce que j’ai fait avec les Restaurants du Cœur ? Eh bien, d’abord, il faut dire que j’ai utilisé les médias ! J’étais sur Europe 1, j’avais une émission populaire qui me permettait de lancer une idée, et j’ai lancé cette idée. Après ça, quand j’en ai parlé pendant deux mois, je suis allé voir les dirigeants d’Europe 1, et je leur ai dit : maintenant, ça ne va pas être facile de faire marche arrière, parce qu’on reçoit un courrier énorme. Et ils ont dit : bon, d’accord, on va faire une journée.
Après ça, j’ai commencé à dire qu’il n’y avait qu’à taper dans les excédents de production, parce que ça nous permettrait d’avoir la nourriture pas cher, et donc de nourrir tout le monde. Après je suis allé au ministère de l’Agriculture, et je leur ai dit : voilà ce que j’ai fait, maintenant, il faudrait… »
Le lancement des Restos du Cœur
On imagine bien Coluche disant cela ! En 1985, il animait quotidiennement une émission sur Europe 1 et, après avoir encouragé ses auditeurs à faire des dons pour combattre la pauvreté dans le monde, en Éthiopie notamment, certains l’ont interpellé en soulignant qu’en France il y avait aussi des gens démunis. Cette réaction l’a décidé à mettre en pratique des idées très simples. Ce n’est certes pas lui qui a inventé la soupe populaire, mais il a voulu rompre avec ce qui se faisait depuis des siècles, aux portes des églises, dans les hospices ou ailleurs. Son pouvoir médiatique, son humour grinçant, vulgaire parfois, mais rempli de tendresse à l’égard des paumés, lui donnaient une force extraordinaire pour réussir.
C’était un homme généreux. Selon lui, la charité ne devait pas être triste, il fallait au contraire faire la fête et le bénévolat devait être une règle absolue ; il ne fallait pas servir des repas toute l’année, parce que les bénévoles risqueraient de s’épuiser, et pour que l’événement reste médiatique, il devait être répétitif. Il a choisi de s’en tenir à l’hiver, période où l’on a faim et froid, et où les charges sont les plus importantes. C’est ainsi qu’il a lancé les Restos du Cœur.
La gestion des Restos du Cœur
Coluche était fils d’immigré, et il avait connu dans son enfance la pauvreté et les soupes de l’abbé Pierre, avec qui, du reste, il a toujours gardé le contact. Il lui a évidemment parlé de son projet et la réponse fut : « Bravo, mais attention à votre gestion ! »
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