Éditorial

Par Thomas PARIS

Côté face, c’est le nerf de la guerre. La finance joue un rôle considérable dans la marche du monde, elle est sa tuyauterie, sa plomberie, le mécanisme de son horlogerie. Elle est maîtresse du temps : en orientant les investissements, elle dessine l’avenir. Elle accompagne les transformations du monde en permettant de financer, notamment, des entreprises risquées ou les conséquences des catastrophes naturelles. Côté pile, c’est l’ennemi qu’on aime se donner, en raison de sa toute-puissance, du cynisme auquel elle peut renvoyer, de son pouvoir démesuré. La finance est accusée de tous les maux, responsable de toutes les vilénies. La crise des subprimes, c’était la finance. Les dérives des cryptomonnaies, c’est aussi la finance.

La vision négative de la finance a à voir avec les marchés, pour leur propension à imposer leurs diktats aux entreprises, avec lesquelles il s’agit de composer pour affirmer une stratégie. Sa réalité n’est pas manichéenne : il n’y a pas une finance bâtisseuse et une finance prédatrice. Elle est un secteur économique dans un système capitaliste : elle produit de la valeur, tout en poursuivant des objectifs de rentabilité. Elle repose sur des métiers et des outils variés. Elle mobilise des acteurs parmi lesquels certains sont centrés sur la maximisation du profit et d’autres prennent en considération d’autres critères. Elle intervient dans un système régulé, dans lequel elle s’adapte et innove. La création des hedge funds, des cat funds, des subprimes, des bitcoins, le développement du private equity constituaient autant de réponses à un contexte renouvelé, en entraînant en retour des effets sur l’économie réelle, parfois considérables.

La finance a ses champions, dans le private equity par exemple. Elle a ses inventeurs et ses entrepreneurs, parfois empreints de militantisme : ils identifient des opportunités ou débusquent des défaillances de marché. Le microcrédit a permis d’apporter une solution aux petits emprunteurs dans des pays en développement en mal de financement. Des fonds d’investissement inventent des modèles de financement pour corriger un manque, comme le désintérêt paradoxal des investisseurs pour le développement scientifique et technologique et l’incapacité structurelle des acteurs économiques à consacrer leurs efforts aux problèmes de long terme. Des business angels veulent avoir un effet de levier, en se montrant hyperactifs dans le financement des start-up, avec un modèle frugal et efficace.

Son ambivalence, le mélange de fascination et de répulsion qu’elle suscite, est le symptôme de l’importance de la finance dans un système économique insatisfaisant. Insatisfaisant pour qui, vis-à-vis de quoi? Longtemps, la marche du monde était laissée à l’appréciation de la main invisible du marché, dont elle était une composante. Ce dernier s’est doté, en 2015, d’une boussole commune, les objectifs de développement durable de l’ONU, qui semblent dessiner un objectif universel clair, sans qu’ils n’aient entraîné une réorientation immédiate massive de tous les investissements vers des projets vertueux. Le monde est un paquebot, la finance est son carburant. Elle joue un rôle clef dans l’orientation de sa course, mais ne le pilote pas.

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