Difficile, aujourd’hui, de concevoir un aéroport comme une plateforme de connectivité responsable, intégrée dans son territoire et influençant positivement les acteurs engagés en faveur de la biodiversité. Il faut aussi une bonne dose d’obstination pour suivre une feuille de route exigeante malgré les innombrables difficultés. Amélie Lummaux témoigne des premières actions d’une transformation à bas bruit au sein du Groupe ADP, qui laisse entrevoir une réinvention de la grande entreprise et de sa place dans l’économie et la cité.

Exposé d’Amélie Lummaux


Je vais vous présenter la feuille de route stratégique du Groupe ADP (Aéroports de Paris) publiée en 2022 et baptisée « 2025 Pioneers ». Conçue comme un jalon par rapport à notre vision de la transformation du Groupe à l’horizon 2050, elle est destinée à lancer la transition vers un nouveau modèle aéroportuaire afin de nous mettre progressivement en cohérence avec nos engagements à atteindre la neutralité carbone pour 2030 et le ZEN (zéro émission nette) pour 2050 au plus tard.

Ce document marque un tournant dans notre histoire. C’est la première fois que nous définissons une vision stratégique dans laquelle les dimensions financière et industrielle, d’une part, et les dimensions RSE et transformation de l’entreprise, d’autre part, sont aussi étroitement imbriquées.

Le choc de la crise sanitaire

Le monde aéroportuaire a connu un profond bouleversement en 2020, avec la crise de la Covid-19. Non seulement le trafic aérien a brutalement chuté, mais nous avons ressenti très fortement une double injonction : entreprendre une transformation environnementale – aussi bien en matière de décarbonation que de qualité de l’air ou de préservation de la biodiversité – et faire évoluer nos relations avec notre écosystème territorial.

Historiquement, il existait une forme de dépendance entre le territoire et l’aéroport, dans la mesure où celui-ci desservait le territoire et lui fournissait des emplois ainsi qu’un moteur de croissance. Avec la crise sanitaire, l’aéroport est devenu, au contraire, un facteur approfondissant l'impact de la crise. L’activité aérienne a ralenti beaucoup plus fortement que l’activité économique en général, de nombreux emplois ont été supprimés et la population qui vit autour des aéroports, ayant dû se tourner vers d’autres activités, s’est rendu compte qu’elle n’avait pas forcément besoin de l’aéroport pour vivre. Nous devons désormais réussir à démontrer encore plus notre valeur ajoutée pour les territoires dans lesquels nous sommes implantés, d’autant que les aéroports génèrent aussi diverses nuisances.

C’est ce qui nous a conduits, en 2020, à définir notre raison d’être de la façon suivante : « Accueillir les passagers. Exploiter et imaginer les aéroports de manière responsable et à travers le monde. » L’hospitalité ­– ou qualité d’accueil – de nos aéroports est cruciale, c'est notre priorité au delà de la croissance.

Enfin, vouloir concevoir et gérer nos aéroports de manière responsable nous conduit à nous assurer qu’ils génèrent des bénéfices pour l’ensemble de leurs parties prenantes. Dans ce domaine, la feuille de route stratégique « 2025 Pioneers » se fonde sur trois grands axes : la nécessité d’accélérer la décarbonation du secteur aérien pour répondre aux enjeux sociétaux et environnementaux ; la volonté d’accentuer la réduction des nuisances pour les riverains des aéroports ; la recherche d’un nouvel équilibre avec les territoires, compte tenu des impacts de la crise de la Covid-19 sur le développement économique local.

Vers des aéroports durables

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