Le recyclage du plastique devient une urgence, mais le défi est redoutable. Non seulement le plastique recyclé se vend plus cher, du fait des coûts de collecte, de tri et de traitement, mais il fait craindre pour la sécurité. De plus, il ne peut être de couleur vive, ce qui perturbe les designers. Enfin, au lieu de s’approvisionner auprès de gros fournisseurs, les industriels doivent traiter avec une filière fragile et hétérogène. Malgré tout, Legrand s’est donné pour objectif d’utiliser au moins 15 % de plastiques recyclés d’ici la fin de l’année 2024…

Exposé d’Olivier Gabut


Le groupe Legrand, dont le siège social historique se trouve à Limoges, emploie environ 36 000 personnes et réalise un chiffre d’affaires de 7 milliards d’euros. Spécialiste des infrastructures électriques et numériques du bâtiment, il développe trois grandes familles de produits. La plus ancienne, sur laquelle Legrand a construit sa réputation, recouvre les boîtes d’encastrement, interrupteurs, prises de courant, profilés de câbles, etc. Les produits dits de protection comprennent les coffrets électriques, disjoncteurs et interrupteurs différentiels. Dans la catégorie de la domotique, on trouve des blocs d’éclairage et de sécurité, des détecteurs, des systèmes de pilotage des énergies, des volets roulants, ou encore, depuis peu, des systèmes permettant de recharger les véhicules.

Industrie et environnement

L’activité industrielle de Legrand consiste à transformer des matériaux bruts (métaux et plastiques) en produits finis à travers différentes techniques telles que le moulage par injection, l’extrusion, la découpe et le pliage métallique, ou encore l’emboutissage.

En tant que transformateur de matières plastiques, Legrand doit se poser les trois grandes questions que soulève le rapport entre industrie et environnement : mon activité contribue-t-elle à la pollution ? à la consommation des ressources ? à l’empreinte climat ? Une quatrième question est en train de s’y ajouter : contribue-t-elle à la diminution de la biodiversité ?

La pollution

Au moment où les matières plastiques ont été développées, elles répondaient à des besoins de consommation et de croissance massifs et, pendant des décennies, aucun chimiste ne s’est préoccupé de la façon dont elles seraient recyclées ou gérées en fin de vie. En aucun cas, elles n’ont été conçues pour intégrer un cycle naturel, qu’il soit biologique, biochimique ou chimique.

Pire, les plastiques en fin de vie peuvent, en se dégradant, libérer les additifs qu’ils contiennent, avec des impacts potentiels sur l’environnement.

Un troisième niveau de préoccupation est lié à la décomposition des plastiques en microparticules, voire nanoparticules. En se dégradant, le plastique finit par devenir invisible, ce qui pourrait laisser penser que le problème est réglé, mais la matière reste toujours présente, partout sur la planète, et même à l’intérieur de nos organismes.

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