La transition énergétique se traduit par des défis considérables pour la gestion des réseaux électriques : il faudra administrer des réseaux décentralisés avec une disponibilité de l’offre plus ou moins prévisible, développer le pilotage de la demande des utilisateurs finaux et transporter l’électricité entre les lieux de production et de consommation, parfois très éloignés, tout en composant avec la complexité de l’intégration de la production renouvelable. Ces enjeux donnent lieu à des innovations qu’Hitachi Energy a expérimentées.

Exposé d’Alfredo Parres


Plus que comme vice-président de l’association WindEurope, qui représente les intérêts des 450 entreprises impliquées dans l’éolien sur le Vieux Continent, c’est en tant que responsable du métier Énergies renouvelables (EnR) au sein d’Hitachi Energy que je veux m’exprimer ici. Je souhaite vous expliquer comment, chez Hitachi Energy, nous envisageons l’évolution en cours vers des systèmes électriques à haute pénétration d’EnR.

Je vais d’abord vous présenter succinctement notre groupe, né en 2020 de la cession par ABB de son activité Power Grids à Hitachi. Hitachi Energy, dont le siège est situé à Zurich, compte 45 000 salariés à travers le monde, dont 2 000 chercheurs et ingénieurs R&D, et a réalisé en 2023 un chiffre d’affaires de plus de 13 milliards de dollars. Nous constituons un groupe global, harmonieusement réparti entre l’Europe, l’Amérique et l’Asie-Moyen-Orient-Afrique. Nous déclinons nos activités en quatre unités de business : High Voltage (équipements électriques haute tension tels que les appareillages de commutation et les disjoncteurs), Transformers (transformateurs), Grid Automation (solutions d’automation et de contrôle de réseaux) et Grid Integration (études réseau, fourniture de systèmes électriques en courant alternatif et HVDCHigh Voltage Direct Current, courant continu haute tension).

Quelle est notre vision d’un système énergétique aux alentours de 2050 ? À cette date, la neutralité carbone aura fait de l’électricité l’épine dorsale du système énergétique mondial. Provoquée par le basculement des énergies fossiles vers le renouvelable, amplifiée par les besoins croissants d’électrification de l’industrie, des transports et du bâtiment, cette transition va s’accompagner de la création de nouveaux vecteurs d’énergie – je fais ici référence aux molécules telles que l’hydrogène et le biogaz, qui offrent des solutions complémentaires aux énergies renouvelables et aux solutions traditionnelles. Notre déclaration d’intention, chez Hitachi Energy, peut être résumée ainsi : « L’accélération de la transition vers un système énergétique neutre en carbone passe par l’adaptation et l’adoption de politiques et de règlementations permettant aux technologies et aux nouveaux modèles économiques de soutenir des systèmes énergétiques évolutifs, flexibles et sûrs. »

Un marché en pleine mue

Avant d’en venir à la traduction concrète de cette profession de foi, permettez-moi de vous rappeler en quelques mots la situation actuelle du marché. Nous devons partir d’un mix énergétique composé, en 2020, de 80 % d’énergies fossiles et de 20 % d’énergies non fossiles pour aboutir à la composition inverse trente ans plus tard. Parallèlement, nous allons assister à une forte augmentation de la demande d’électricité, dans tous les secteurs : une croissance de 100 % de la demande de l’industrie, qui atteindra plus de 20 pétawattheures, une croissance de 50 % de celle du bâtiment (plus de 15 pétawattheures), une multiplication par 30 de celle des transports (aux alentours de 10 pétawattheures). Cela signifie que d’ici à 2050, nous aurons besoin de quadrupler la capacité de production actuelle d’électricité et que nous devrons transférer 3 fois plus d’énergie électrique qu’actuellement.

Quel sera le rôle des EnR dans cette révolution énergétique ? Tous les grands analystes – le Norvégien DNV, l’International Energy Agency (IEA), McKinsey… – s’accordent pour dire que la part des EnR dans le mix énergétique, qui était en 2021 de 10 %, devra osciller entre 45 % et 65 % pour être au rendez-vous de la neutralité carbone en 2050.

Cette transition à marche forcée pose d’énormes enjeux en matière d’infrastructures et d’équipements. À part une légère baisse en 2020 due à la pandémie de Covid-19, le marché que sert Hitachi Energy a été stable entre 2015 et aujourd’hui. D’ici à 2030, il devrait connaître une croissance de 6 % à 9 % par an. Cette augmentation très sensible est due à la demande combinée provenant de la construction de nouvelles infrastructures, de l’électrification et de la digitalisation.

Ces tendances sont globales, mais la France n’est évidemment pas épargnée. Son mix énergétique (intégrant encore, en 2021, 58 % d’énergies fossiles) va devoir drastiquement évoluer, avec une part d’électricité passant de 27 % à 56 %.

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