L’ouverture du zoo du château de Thoiry, en 1968, visait à sauver un patrimoine historique. Elle a changé le modèle économique du domaine, redonné une fonction sociale au château et conduit la famille de La Panouse à s’engager pour le bien-être de la faune et de la flore. Cette première ouverture, marquée par le parti pris avant-gardiste de libérer les animaux 
sur de grands territoires et de brider la liberté des visiteurs, a été suivie par la création d’autres parcs animaliers et réserves, et par de nouvelles innovations. 

Exposé d’Edmond de La Panouse

Premier château de la Renaissance bâti sur une colline, Thoiry a été conçu, dès ses origines, en pleine harmonie avec la nature – certains indices laissent penser qu’il s’élève sur un ancien site druidique. Son architecture reflète cette attention : le bâtiment est le pivot d’un calendrier solaire, dont les allées des jardins sont les aiguilles ; et à chaque solstice, le soleil se couche à travers le vestibule central. Ses parterres à la française ont été imaginés au XVIIIe siècle par Claude Desgots, neveu de Le Nôtre, et complétés au XIXe par les ensembles anglo-chinois de Chatelain, puis de Varé, à qui l’on doit aussi le bois de Boulogne. Chacun de leurs arbres et buissons semble présent depuis toujours, faisant oublier la minutie des paysagistes.



Mon père a grandi dans ce domaine familial qui couvrait alors 500 hectares... et dont l’entretien était éminemment coûteux. Il a vite compris que, dans ces conditions, la propriété ne survivrait pas à sa génération. À 18 ans, en 1965, il a proposé à ses parents de l’ouvrir au public et d’en organiser la visite guidée. C’était alors assez inédit. Néanmoins, il s’est vite avéré qu’avec 50 000 visiteurs annuels tout au plus, la fréquentation serait insuffisante pour sauvegarder le château. Deux autres solutions se présentaient, créer un parc d’attractions ou accueillir des animaux. La première cumulait les inconvénients : elle deviendrait obsolète si Disney s’implantait un jour en France, et porterait atteinte aux jardins. Ce fut donc la seconde. Ainsi mon père a-t-il créé un petit parc zoologique, avec l’aide précieuse de Jean Richard, amoureux des animaux, qui avait fondé un cirque peu auparavant. Ce dernier, lui-même autodidacte, avait tenu à soutenir ce jeune étudiant en droit et en théologie désireux d’offrir une nouvelle vie à la propriété familiale.

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