Saint-Gobain : du monde des usines à l'univers de la distribution

Comment un groupe à très fort enracinement manufacturier réussit-il à devenir leader européen de la distribution de matériaux de construction ? Le cas de la Compagnie de Saint-Gobain est unique à beaucoup d’égards. En dix ans à peine, rassemblant par rachats successifs des entreprises qu’elle intègre avec doigté, elle a constitué un pôle européen de distribution, qui génère aujourd’hui près de 40 % de son chiffre d’affaires. En son sein coexistent des métiers qui s’étendent du chercheur et du technicien de pointe à la caissière de grande surface ; des cultures qui vont de la ligne de production en flux continu au marketing de grande consommation. Sachant qu’en aval, dans les magasins du groupe, la part des matériaux fabriqués en amont ne représente que 10 % des ventes, comment Saint-Gobain s’y prend-il pour trouver des synergies et tenir ensemble les deux bouts de son spectre d’activités ? Cette alternative au modèle de l’intégration verticale laisse aujourd’hui sceptiques bien des gourous du management ; elle semble pourtant réussir au-delà de toute espérance.