Et si l’alliance des technologies numériques et énergé­tiques permettait de tenir les objectifs de l’accord de Paris dix ans plus tôt qu’espéré ? C’est l’engagement d’Amazon, Coca-Cola, Unilever, Microsoft, Netflix et d’autres entreprises, qui se lancent dans une transition énergétique accélérée et l’envisagent comme un élément clé de leur performance future. ENGIE Impact est devenue le partenaire de la transformation de nombreux acteurs de la tech, en s’appuyant, notamment, sur les expertises du Groupe, sur tous les continents.


Exposé de Mathias Lelièvre

Ingénieur de formation, j’ai travaillé au sein de différentes administrations en France ainsi que dans le secteur privé, chez Total et Saint-Gobain. Il y a six ans, j’ai rejoint ENGIE. Depuis quatre ans, je vis aux États-Unis, où je dirige ENGIE Impact, filiale de 2 300 salariés en charge du conseil en développement durable au sein du groupe ENGIE. Nous travaillons avec les plus grandes entreprises et institutions à travers le monde, en les accompagnant dans leur évolution vers des modèles durables afin de réduire au maximum leur impact sur l’environnement, avec un souci tout particulier pour la réduction de leurs émissions de CO₂. Cela nous permet d’avoir une vision globale des grandes évolutions qui émergent aujourd’hui dans le monde passionnant du changement climatique et des entreprises – particulièrement celles de la tech et du digital.

Pour bien comprendre les enjeux auxquels ces entreprises sont confrontées, il faut tout d’abord prendre conscience qu’un compte à rebours est désormais lancé avec, à la clé, un réchauffement global de la planète de 4 à 7 degrés Celsius à la fin de ce siècle si le solde des émissions de carbone n’est pas ramené à zéro d’ici 2050 et continue sur les trajectoires actuelles. Ceci entraînerait des conséquences potentiellement fatales pour l’humanité. Alors que nos émissions carbonées continuent toujours à croître, il ne nous reste désormais que sept années pour inverser la tendance et rester en deçà de l’augmentation de 2 degrés Celsius visée par l’accord de Paris en 2015, lors de la COP21.

Or, il semble qu’au niveau tant des individus que des gouvernements, on reste largement dans le déni ou l’apathie et que l’on continue collectivement à avancer aveuglément vers le précipice. Certains signes encourageants sont apparus ces derniers temps, tels le changement politique aux États-Unis ou l’ambition affichée par la Chine d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2060, mais ces changements de posture, s’ils ne sont pas ancrés dans des convictions profondes, restent à la merci de stratégies politiques opportunistes. L’enjeu majeur est d’aller beaucoup plus vite.


Une double tension

Comment résoudre ces problèmes à la bonne vitesse et à la bonne échelle, dans un univers où les opinions ne sont pas encore solidifiées pour positionner le changement climatique comme étant la première des priorités ?

Le premier défi est d’identifier le bon équilibre entre le progrès, qui nécessite des investissements massifs, et la régulation des comportements individuels et collectifs. Aux États-Unis, c’est l’innovation qui est vue comme le principal moteur des solutions à envisager, comme si la technologie devait être en mesure de régler seule tous les problèmes. Remettre en cause le modèle de croissance basé sur la surconsommation est largement inenvisageable pour nombre d’Américains. À l’opposé du spectre, notamment en Europe, certains expliquent qu’il faut renverser la table et changer d’urgence tous les comportements. Dans le même esprit, on entend fréquemment tous ces appels à une gouvernance mondiale afin de régir le prix du carbone. Ces deux postures semblent largement irréalistes et il est évident que les solutions que l’on trouvera d’ici 2050 relèveront d’un équilibre entre ces extrêmes.

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