- Penser l’après MEMS au CEA-Leti
- Un premier développement, le nano-accéléromètre
- L’effet Casimir ou les forces répulsives du vide
- L’alliance Leti-Caltech
- En quête des premières applications
- Créer Apix Analytics pour ne pas rester au milieu du gué
- Apporter le laboratoire à l’échantillon, plutôt que l’inverse
- Passer d’un outil de paillasse à un prototype industriel
- Accéder au marché
- Industrialiser notre système
- Le financement
- Que retenir de cette aventure Deep Tech ?
- Quelques conseils
- Cultures française et anglo-saxonne
- Réfléchir au coût du capital
- De l’intérêt des corporate ventures
- L’accompagnement du CEA
- Et après ?
Pour passer d’une idée en laboratoire à un vrai produit industriel, le cheminement est long et jalonné d’intuitions, de chances et de déconvenues. Philippe Andreucci nous livre un retour d’expérience sur le passage d’une technologie amont franco-américaine à une entreprise exploitant ses applications. Comment une coopération académique internationale sur les nanosytèmes peut-elle aboutir à la création d’une entreprise en France ? Quels sont les outils d’accompagnement utiles, les bonnes pratiques à amplifier, les pièges à éviter ?
Exposé de Philippe Andreucci
L’expérience que je vais vous raconter m’a occupé pendant presque seize ans. Elle illustre le cheminement complexe et souvent imprévisible allant d’une idée théorique née dans un laboratoire jusqu’à une application, un produit et un accès au marché. Ainsi est née Apix Analytics, une société qui développe des analyseurs de gaz. L’entreprise compte aujourd’hui un peu moins d’une trentaine de personnes, réalise un peu plus de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires et est présente à l’international.
Après des études d’ingénieur (CentraleSupélec) et de commerce (ESSEC, HEC Challenge+), mon parcours professionnel m’a amené du marketing de l’innovation produit en PME à la recherche fondamentale, avec une quinzaine de brevets à mon actif. J’ai une expérience de management de programmes technologiques, notamment au CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives), et plus particulièrement au Leti (Laboratoire d’électronique et de technologie de l’information) à Grenoble, institut de recherche pionnier dans les micro- et nanotechnologies. J’ai ensuite cofondé la start-up Apix Analytics et l’ai dirigée pendant plus de sept ans. Je l’ai quittée il y a un an et demi pour me lancer dans de nouvelles aventures entrepreneuriales.
Penser l’après MEMS au CEA-Leti
Les MEMS1 ont été en partie inventés au CEA-Leti au début des années 1980. On les retrouve dans pratiquement tous les capteurs de la vie quotidienne. Une voiture en compte environ deux cents, un téléphone portable, une bonne dizaine et un avion, plusieurs milliers. Quasiment tous les accéléromètres – les capteurs qui mesurent des accélérations, présents notamment dans les airbags ou dans les téléphones portables – exploitent le brevet fondateur du CEA.
En 2004, les technologies MEMS arrivent à maturité. Les industriels ont acquis les compétences de design et de développement technologique. Il est alors temps pour le Leti de penser “l’après-MEMS”.
Je rejoins ainsi le CEA-Leti en 2004 pour trouver un prolongement aux MEMS dans le domaine des nanotechnologies (technologies permettant de réaliser des objets de l’ordre de quelques milliardièmes de mètre). Le développement de la nano-électronique, au début des années 2000, va nous permettre de lancer les NEMS, Nano Electro Mechanical Systems.
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