Des mots pour des nez

Comment créer quand on ne sait pas nommer ? Cette question générale prend une acuité particulière dans certains domaines comme la parfumerie, où l’évidence de l’expérience sensorielle va le plus souvent de pair avec une grande pauvreté d’expression pour la décrire. Pour avoir dirigé pendant deux ans une équipe de nez, en charge du développement des parfums pour les marques, Brigitte Romagné a réalisé combien le langage manquait entre les créatifs et les chefs de produit, et combien cela limitait la créativité. Si l’olfaction est subjective, si les nez ont un talent singulier, il est néanmoins possible d’aller suffisamment loin dans la formalisation des caractères olfactifs des plantes pour construire un alphabet. C’est un des moyens pour les marques d’augmenter la précision de leurs cahiers des charges, et de stimuler la création dans un univers où le marketing a pris beaucoup d’importance.