Banquier de formation et féru de technologies digitales, Laurent Darmon est aussi à l’aise dans l’univers de la grande entreprise que dans celui des start-up. Avec déjà huit sociétés lancées, dont plusieurs scale-up, La Fabrique by CA, passée en cinq ans de 5 à 330 salariés, est une réussite. Son modèle économique, qui mobilise des entrepreneurs salariés non intéressés au capital et privilégie des innovations à la marge des métiers du Groupe, mais s’inscrivant néanmoins dans sa stratégie, est particulièrement original.

Exposé de Laurent Darmon

Quelques mots d’abord pour vous dire d’où je parle. J’ai commencé ma carrière en tant que banquier. Bien qu’ayant suivi une formation en école de commerce et obtenu un master 2 à Dauphine ainsi qu’un diplôme d’analyste financier de la SFAF (Société française des analystes financiers), j’ai débuté au poste de conseiller en clientèle dans le contexte économique morose de la guerre du Golfe. Après quelque temps, je suis passé de la clientèle des particuliers à celle des professionnels, puis je suis devenu animateur commercial, puis directeur d’agence, avant d’être embauché par l’inspection générale du Crédit Agricole.

Depuis une dizaine d’années, je me consacre aux technologies digitales et j’ai assisté, en 2017, au basculement du Crédit Agricole du concept d’“évolution digitale” vers celui de “révolution digitale”.

La révolution digitale dans l’univers bancaire

Dans le secteur bancaire, cette révolution est venue de deux sources, la réglementation et la technologie. L’évolution de la réglementation européenne a mis fin au monopole des banques, en obligeant notamment ces dernières à mettre leurs données à la disposition de tiers, ce qui permet à leurs clients de consulter leurs comptes et même d’initier des paiements à partir d’autres applications. La technologie permet à des acteurs de se positionner sur un petit maillon de la chaîne de valeur de la banque et de l’exploiter au sein de leur propre écosystème.

De nouveaux acteurs se sont saisis des opportunités offertes par la disparition du monopole bancaire sur le secteur des paiements. Certains se sont positionnés du côté du contact avec le client, comme les néobanques (qui proposent des comptes courants, des cartes bancaires et une gestion entièrement sur téléphone mobile), les outils de cagnotte en ligne, de crowdfunding, de paiement communautaire, de gestion des notes de frais, ou encore les PFM (Personal Finance Manager).

D’autres se sont spécialisés dans des métiers de back office tels que les opérations SEPA (Single Euro Payments Area), l’émission de cartes bancaires, le traitement des paiements par carte bancaire, les virements internationaux, le Credit-as-a-Service, l’assurance IARD (incendies, accidents et risques divers), ou encore l’affacturage.

Enfin, à l’instar de Google, qui se positionne entre les annonceurs et les internautes destinataires des publicités, ou d’Uber, qui gère des taxis sans posséder un seul véhicule, un troisième type d’acteurs joue le rôle de plateforme ou “d’orchestrateur”, ce qui leur permet de proposer de la Bank-as-a-Service.

Des exemples de disruption

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