Fondé en 2013, le groupe Simplon forme gratui­tement au numérique décrocheurs scolaires, chômeurs, ou encore réfugiés. L’informatique y est considérée comme une langue dans laquelle il faut s’immerger. Sa formule a un tel succès que le réseau comprend maintenant 133 “fabriques” réparties dans 20 pays et forme 5 000 personnes par an. En multipliant les coopérations avec divers organismes, Frédéric Bardeau a réalisé que les alliances n’étaient pas le point fort des acteurs de l’ESS… Il cherche donc depuis à en créer et à les renforcer dans ce secteur.


Exposé de Frédéric Bardeau

J’ai 47 ans, cinq enfants, et j’ai mis longtemps à choisir ma voie professionnelle. J’avais besoin de comprendre de quelle façon me rendre utile, ce qui a toujours été une motivation majeure pour moi.

À la recherche d’un métier

Mon rêve d’enfant et de lycéen était de devenir journaliste de guerre. Cela peut paraître curieux, mais c’est ainsi. Après le baccalauréat, j’ai donc opté pour des études de sciences politiques et j’ai intégré l’IEP (Institut d’études politiques) de Toulouse, mais j’ai assez vite compris que je ne pourrais pas réaliser mon rêve. Les emplois de journaliste de guerre étaient rares et il fallait être excellent pour y prétendre. Décidant d’abandonner le côté journalisme et de garder le côté guerre, j’ai passé le concours de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, où j’ai été reçu major de promotion en 1996.

Naïvement, je croyais que j’allais d’emblée apprendre la stratégie militaire, voire exercer des fonctions de commandement. Or, la carrière d’un saint-cyrien est très normée et j’ai compris que je devrais patienter un certain temps à chaque poste avant d’accéder à l’échelon suivant. Ce rythme assez lent frustrait mon esprit d’entreprise et mon envie d’aller “plus vite que la musique”. J’ai donc démissionné, ce qui a été difficile à vivre, car mes parents étaient très fiers de mon entrée à Saint-Cyr.

Ma démission ne signifiait pas que je n’aimais pas l’armée, bien au contraire : j’ai adoré les principes de méritocratie et de mixité sociale que j’y ai vu mettre en œuvre, et que je n’ai jamais retrouvés dans les différentes grandes écoles que j’ai fréquentées. En quittant Saint-Cyr, je me suis d’ailleurs engagé, pour une courte période, dans un régiment de parachutistes, à Pau.

Ayant renoncé à la carrière militaire et souhaitant toujours me rendre utile, j’ai songé à devenir espion. J’ai été brillamment reçu aux épreuves écrites du concours spécial de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure), avant d’être finalement recalé. En épluchant mon parcours, les examinateurs avaient découvert que, pendant mes études, j’avais non seulement consommé des stupéfiants, mais également participé à des manifestations altermondialistes au cours desquelles j’avais jeté des projectiles sur les forces de l’ordre, deux éléments qui paraissaient peu compatibles avec une carrière à la DGSE.

Ce nouvel échec m’a beaucoup déprimé et m’a conduit à accepter le premier petit boulot qui s’est présenté. Il s’agissait d’un stage dans une agence de communication où j’étais chargé de rédiger des communiqués de presse sur le salon mondial de la défense et de la sécurité, Eurosatory. C’est dans le cadre de ce modeste stage que j’ai fait une rencontre vraiment incroyable.

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