La géo-énergie est locale, décarbonée, renouvelable et neutre pour le paysage. Geosophy évalue les bénéfices potentiels d’une telle solution en fonction de la localisation et de la configuration d’un bâtiment. Cette solution permet de réduire de manière importante à la fois les émissions de gaz à effet de serre liées au chauffage et à la climatisation de bâtiments existants, et la facture énergétique de leurs occupants. Toutefois, en France, nous sommes encore loin d’avoir exploité le potentiel de cette technologie vertueuse…
Exposé d’Alice Chougnet et de Jacques Goulpeau
Jacques Goulpeau : Ingénieur polytechnicien, j’ai passé quinze ans dans l’industrie, en qualité de directeur des opérations de diverses start-up, essentiellement dans les domaines des biotechnologies, du traitement de l’eau et des déchets, avant de rejoindre Geosophy, en 2021, comme directeur général.
Alice Chougnet : Physicienne de formation et diplômée de l’ESPCI (École supérieure de physique et de chimie industrielles), j’ai travaillé durant douze ans chez Schlumberger, d’abord en Allemagne sur les opérations de forage profond, puis en France en R&D sur des sujets très variés, allant de l’intégrité des puits de pétrole aux capteurs souterrains. J’y ai acquis énormément de connaissances sur le sous-sol, que je souhaite désormais mettre au service d’une activité plus vertueuse et moins carbonée, la géo-énergie.
Largement méconnues du grand public, les énergies géothermiques renouvelables sont les grandes oubliées du mix énergétique français. Elles ont en effet le gros inconvénient d’être difficilement transportables, ce qui les cantonne à un usage essentiellement local. Leur principal domaine d’application est donc celui du bâtiment, qui représente le tiers des consommations d’énergie de toutes natures et le quart des émissions de CO₂ en France.
Un premier enjeu : le rafraîchissement
Dans le bâtiment, le rafraîchissement est un enjeu souvent négligé, car nos habitations sont essentiellement conçues pour nous protéger du froid. Or, en raison du dérèglement climatique et de la hausse globale des températures, on s’attend à une explosion des besoins de rafraîchissement. Une étude publiée en 2016 estime qu’à l’horizon 2050, ces besoins auront augmentés de 750 % pour le logement et de 250 % pour le secteur tertiaire, déjà davantage équipé de systèmes de climatisation. Si ces estimations s’avèrent exactes, sans préparation de notre part, ces besoins vont générer la multiplication des climatiseurs classiques, inesthétiques et bruyants, mais surtout très consommateurs d’énergie et gros dissipateurs de chaleur vers l’extérieur. Paradoxalement, plus il fait chaud dehors, plus on chauffe ! Cela ne manque déjà pas de poser problème, en particulier dans les milieux urbains denses, avec l’apparition d’îlots de chaleur. À Tokyo, où ces équipements sont largement répandus, l’expérience a montré qu’il en résulte une augmentation de la température de 2 degrés Celsius. Ce constat a amené certaines villes courageuses, comme Genève, à interdire, depuis 2019, les climatiseurs destinés à un usage d’agrément.
Que faire alors s’il n’est plus possible d’utiliser les outils traditionnels pour se rafraîchir ? Il se trouve que l’inertie thermique du sous-sol est une propriété particulièrement intéressante. On observe en effet qu’en zone tempérée, dès la profondeur de 10 mètres, il règne tout au long de l’année une température constante égale à la moyenne de celle observée en surface. En France, on parle ainsi d’une température de 12 à 15 degrés Celsius, largement suffisante pour rafraîchir un bâtiment, à condition toutefois d’utiliser pour cela des émetteurs adaptés, c’est-à-dire ayant une grande surface de rayonnement, tels des planchers ou des plafonds. Cette propriété rafraîchissante du sous-sol est bien connue et utilisée empiriquement depuis toujours par l’homme, dans les caves ou les habitats troglodytiques, de même que par les animaux, dans leurs terriers.
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