Joseph Puzo, mécontent du fonctionnement de la médecine du travail, décide de gérer lui-même cette activité dans son entreprise. Pour ne pas débaucher de personnel de santé, il sollicite des retraités qui, ravis de retrouver une activité, auscultent tout le personnel en seulement un an ! Joseph Puzo organise le service pour faire un bilan de santé approfondi du personnel, maintenir au travail des malades de longue durée et dépister les pathologies silencieuses, en mobilisant des outils numériques et en développant des partenariats.


Exposé de Joseph Puzo

La société Axon’ Cable est une entreprise de taille intermédiaire (ETI) patrimoniale, fondée en 1965, qui compte 2 500 salariés répartis dans 22 filiales à travers le monde. Elle réalise un chiffre d’affaires de 195 millions d’euros, dont 70 % à l’export. Son siège se trouve à Montmirail, une petite ville de la Marne, dans une usine qui emploie environ 800 salariés. Axon’ produit des câbles techniques sophistiqués, par exemple ceux qui équipent les caméras du robot roulant envoyé sur Mars en 2021 – capables de résister à des températures de -150 degrés Celsius la nuit à plus de 150 degrés Celsius le jour tout en étant soumis à des bombardements permanents de radiations cosmiques –, mais aussi les câbles des commandes de vol de l’Airbus A350, ou encore ceux du cœur artificiel Carmat.

Comment, en tant que PDG d’Axon’ Cable, en suis-je venu à m’intéresser à la prévention et à la santé au travail, depuis maintenant plus de dix ans, jusqu’à doter l’usine de Montmirail d’un service de santé au travail autonome ? Plusieurs facteurs et expériences bonnes ou mauvaises m’y ont progressivement conduit.

La situation actuelle de la médecine du travail

L’histoire a commencé en 2010, lorsque le président du service de santé au travail interentreprises d’Épernay, l’AMTER (Association médicale du travail d’Épernay et sa région), m’a informé que le médecin du travail qui assurait les visites médicales pour les salariés d’Axon’ Cable prenait sa retraite et ne serait pas remplacé. En conséquence, m’indiqua-t-il, les 800 salariés d’Axon’ seraient obligés d’aller passer leurs visites médicales à l’agence d’Épernay. Cette annonce m’a stupéfié : « Vous me facturez déjà 75 000 euros par an pour ces visites médicales. Si je dois envoyer les salariés à Épernay, cela leur prendra l’après-midi et me coûtera environ 300 000 euros supplémentaires. Nous nous passerons donc de ces visites médicales. » Mon interlocuteur m’a objecté qu’elles étaient obligatoires…

Les visites médicales du travail

En France, il existe cinq types de visites médicales du travail. La VIP (visite d’information et de prévention) doit avoir lieu dans les trois mois qui suivent l’embauche et être réalisée par un professionnel de santé au travail (médecin, infirmier ou interne). La visite médicale périodique a lieu au minimum tous les cinq ans, ou tous les trois ans en cas de handicap, d’invalidité ou de travail de nuit. La visite médicale de reprise intervient à l’issue des arrêts de travail de cause professionnelle durant plus de 30 jours, ou plus de 60 jours pour les autres arrêts, et dans les 8 jours qui suivent la reprise du travail. À ces trois premiers types de visite s’ajouteront bientôt la visite médicale de mi-carrière (entre 43 et 45 ans), réalisée par un infirmier de santé au travail, et la visite médicale post-exposition, lorsque le salarié quitte un poste à risque.

La pénurie de médecins du travail en France

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