- Un marché segmenté
- Deux techniques de chasse
- Un processus de recherche très structuré
- Le positionnement d’Elzéar
- Une cible privilégiée : les champions cachés
- La spécialisation
- Un modèle économique paradoxal
- Deux exemples de missions
- Elzéar en Afrique
- Comment s’assurer que la greffe va prendre ?
- Le 451e dirigeant
- Deux métiers au sein du cabinet
- L’emploi du conjoint
- Les rémunérations offertes par les PME et ETI
- Le remplacement des babyboomers
- L’impact de la Covid-19
Créé en 2006, Elzéar est un cabinet de recrutement par approche directe, spécialisé dans les champions cachés, ces PME ou ETI industrielles très performantes, mais peu connues du grand public. Les jeunes ingénieurs, commerciaux ou financiers ne pensent généralement pas à adresser leurs CV à ces entreprises, car il s’agit souvent de groupes provinciaux, B to B, spécialistes de niches. Elzéar déploie des “ruses de Sioux” pour détecter des talents rares et les convaincre d’aller travailler dans l’entreprise qui a besoin d’eux.
Exposé de Thibaud de Prémare et Franck Jullié
Thibaud de PRÉMARE : Au sortir d’une école de commerce, je suis parti pendant deux ans en coopération en Cisjordanie, en tant que professeur de français dans une ONG. J’ai ensuite travaillé pendant deux ans chez Bouygues, puis pendant quatre ans dans une petite société de recrutement. Je me suis alors associé avec d’autres personnes pour créer un nouveau cabinet, mais, au bout d’un an, j’ai constaté que nous ne partagions pas les mêmes valeurs. C’est alors que j’ai décidé de monter ma propre entreprise de recrutement, Elzéar, en 2006.
J’ai choisi ce nom à la fois parce qu’il signifie en arabe celui par qui la chance advient et parce qu’il renvoie à Elzéard Bouffier, un personnage imaginé par Jean Giono. Dans la nouvelle L’Homme qui plantait des arbres (1953), ce berger a la patience et l’humilité de planter une centaine de glands par jour tout au long de sa vie, dans des terres qui ne lui appartiennent pas, sans en demander l’autorisation et sans en attendre de retour. Il transforme ainsi une région totalement désolée en un pays luxuriant, dont les villages se repeuplent. Pour moi, il incarne le manager visionnaire, généreux, entreprenant, patient et résilient, bref, doté de toutes les valeurs que nous avons voulu mettre au cœur de notre entreprise.
Au début, j’ai choisi de me spécialiser dans le Moyen-Orient et l’Afrique, à la fois parce que cela faisait sens avec mon expérience de coopération et parce que, à l’époque, seulement deux cabinets s’étaient intéressés à cette zone géographique, AfricSearch et Michael Page Africa. Depuis, de nombreux concurrents ont émergé.
Un an après la création d’Elzéar, Franck Jullié m’a rejoint et, à nous deux, nous avons pu bâtir quelque chose de beaucoup plus solide. Aujourd’hui, Elzéar emploie une quinzaine de personnes et réalise un chiffre d’affaires de 2 millions d’euros.
Franck JULLIÉ : J’ai le même âge que Thibaud, 49 ans, et une formation d’ingénieur. Décidé à ne pas suivre les traces de mon père et de mon grand-père, qui étaient militaires, je me suis très tôt intéressé au monde de l’entreprise. J’ai commencé par être consultant en informatique puis, en 2003, j’ai rejoint un cabinet de recrutement et j’ai tout de suite adoré ce métier. Il s’agissait d’un grand cabinet anglo-saxon, très organisé, très commercial, qui favorisait les évolutions de carrière rapides. Au bout de trois ans, pendant lesquels on m’avait confié le recrutement de cadres, puis de directeurs généraux, dans divers secteurs, j’ai été envoyé en Angleterre. J’ai découvert avec surprise la façon dont nos confrères travaillent dans ce pays : ils se constituent une sorte d’écurie de cadres qu’ils suivent pendant toute leur carrière et font tourner dans différentes entreprises. L’approche française me paraissait beaucoup plus qualitative.
J’ai donc envisagé de créer ma propre entreprise en France, avec une orientation vers l’Afrique noire, car ce continent m’intéressait sur le plan culturel et personnel. C’est alors que j’ai rencontré Thibaud, en 2006, ce qui m’a conduit à m’associer à son projet en 2007.
Un marché segmenté
Avant la crise de la Covid-19, on dénombrait 1 600 cabinets de recrutement en France. C’est un marché très concurrentiel et très structuré. Chaque cabinet se positionne sur un des segments définis par le salaire annuel des personnes à recruter et il est difficile de passer de l’un à l’autre.
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