En quarante-cinq ans, William Christie a fait sortir le baroque de l’ombre. Son ensemble, Les Arts Florissants, a trouvé son public, forme des nouvelles générations de musiciens, rayonne dans le monde et a essaimé. Cette réussite repose sur la passion d’un homme et sa volonté de mettre un répertoire ancien au goût du jour. Il faut désormais perpétuer le projet. La nomination de Paul Agnew comme codirecteur musical, la création d’une fondation et le développement d’un centre culturel dans les jardins du fondateur y contribuent.
Exposé de Muriel Batier et Jihad Michel Hoballah
Muriel Batier : William Christie, artiste visionnaire doté d’une volonté immense et d’une incroyable capacité à fédérer différents talents, est le fondateur des Arts Florissants. Ce projet artistique et culturel, qui se déploie en France et à l’étranger, se structure autour de la musique baroque, d’un patrimoine de jardins exceptionnels et d’une forte ambition de transmission. Il a acquis récemment le statut de fondation d’utilité publique, né de la fusion de l’association historique et d’un fonds de dotation. Notre siège social se situe à Thiré, en Vendée, un site patrimonial labellisé « Centre culturel de rencontre », où nous organisons festivals, résidences et master class, dans un domaine inscrit à l’inventaire des monuments historiques et labellisé « Jardins remarquables ». Nous comptons un deuxième pôle à la Philharmonie de Paris, où notre ensemble est en résidence, et un troisième ancrage à New-York, à la Juilliard School, l’un des plus prestigieux conservatoires du monde.
Le projet transdisciplinaire de William Christie
L’ensemble baroque
L’ensemble musical historique des Arts Florissants, fruit de la passion de William Christie pour la musique baroque, qu’elle soit française, italienne ou anglaise, existe depuis 1979. C’est en 1987, avec le triomphe d’Atys de Jean-Baptiste Lully, qu’il accède à la notoriété. Le baroque, jusqu’alors réservé aux spécialistes, rencontre un succès qui ne fera que grandir. Fort de cette dynamique et soucieux d’envisager l’avenir, William Christie nomme Paul Agnew au poste de directeur musical adjoint en 2013. Nous entrons en résidence à la nouvelle Philharmonie de Paris en 2016. Laurent Bayle, qui dirigeait l’institution au moment de son ouverture, souhaitait, en effet, en faire une maison des orchestres réunis, autour de l’Ensemble intercontemporain – pour la musique moderne – et des Arts Florissants – pour la musique ancienne. Aujourd’hui, l’ensemble est animé par deux codirecteurs musicaux permanents : William Christie et, depuis 2019, Paul Agnew. Chaque projet fait l’objet d’une distribution spécifique autour d’artistes invités, sélectionnés en fonction des projets. Sur une année, pour environ 120 concerts, Les Arts Florissants réunissent entre 250 et 300 artistes baroques, une cinquantaine d’entre eux constituant un noyau dur de fidèles régulièrement appelés. Tous ont, par ailleurs, d’autres activités dans des ensembles musicaux ou des conservatoires, en France ou à l’étranger.
Thiré
En parallèle de cette aventure musicale, William Christie, grand amateur de jardins, fait en 1985 l’acquisition d’une maison du XVIIe siècle, le logis du Bâtiment, à Thiré en Vendée. Peu à peu, il y mène un projet personnel de restauration, de création et d’extension du domaine, qui est relativement préservé et isolé. Il rachète ainsi progressivement les parcelles alentour, passant de 4 à 18 hectares de terrain, et laisse libre cours à son imagination de paysagiste, inspirée des parcs français et italiens du XVIIe siècle. Cette réinvention est telle que les jardins de Thiré sont aujourd’hui reconnus par les meilleurs spécialistes et qu’ils ont été inscrits, en 2006, à l’inventaire des monuments historiques au titre de l’œuvre d’un artiste, ce qui représente un cas unique en France. En outre, William Christie prend l’initiative de revaloriser le patrimoine du village en restaurant les maisons abandonnées autour de la place de la fontaine. Il s’agit pour lui, dans une démarche initiale de générosité et d’amour pour ce village, de lui redonner sa beauté d’origine et de restituer, de nos jours, la splendeur des peintures d’autrefois. Il va, pour ce faire, jusqu’à trouver les sommes nécessaires au nettoyage des bras de la Smagne, rivière qui traverse Thiré, de façon à recréer ses îles naturelles et les promenades alentour.
Faire vivre le baroque à Thiré
Vous ne pouvez pas lire la suite de cet article