On connaît la réussite entrepreneuriale et la capacité à faire face aux difficultés de la famille Mulliez, qui compte aujourd’hui 1 572 descendants et 860 associés. Pour éclairer les raisons de cette vigueur entrepreneuriale, qui traverse cinq générations, Séverine Tapié-Mulliez souligne les singularités de la culture familiale, de ses dispositifs et de ses règles strictes de gouvernance. Ainsi, le Family Office gère la communauté et entretient l’affectio societatis et l’affectio familiae qui unissent les membres de cette grande famille.


Exposé de Séverine Tapié-Mulliez

J’appartiens à la quatrième génération de la famille Mulliez. Diplômée de l’université Paris Dauphine, j’ai travaillé durant trente-six ans dans la finance, ce qui est plutôt atypique dans une famille d’entrepreneurs et de commerçants. Après avoir passé dix-huit années dans des banques d’investissement, telles UBS ou Natixis, j’ai rejoint Creadev, la structure familiale d’investissement dans les nouveaux métiers, où j’ai passé dix-huit autres années. Il y a deux ans, j’ai créé SMT Consulting, ma propre structure de conseil et d’investissement. À ce titre, je suis administratrice indépendante de plusieurs sociétés, holdings familiales, ETI ou PME. Par ailleurs, je suis administratrice du Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (METI). Au sein de l’Association familiale Mulliez (AFM), j’ai exercé des responsabilités en parallèle de mon parcours professionnel. J’ai ainsi longtemps été présidente du comité Finance de la famille, administratrice de Pimkie et élue, pour deux mandats consécutifs de cinq ans, au conseil de surveillance de notre famille.

Aujourd’hui, l’AFM

Avec l’expérience, nous avons identifié les trois risques majeurs qui surviennent lorsqu’une famille s’éloigne de l’esprit d’entreprise.

Le premier risque surgit lorsque la famille s’éloigne des entreprises et ne s’intéresse plus qu’aux dividendes qu’elle en retire. Le deuxième apparaît lorsque que les jeunes de la famille deviennent des “héritiers passifs et méfiants” au lieu d’être des “successeurs actifs et confiants”. Enfin, le troisième surgit dès lors que la famille perd l’intelligence du terrain et des hommes pour ne plus recruter que des financiers mercenaires ayant le court terme pour seul horizon.

Notre identité se définit à travers la formulation suivante : « L’AFM est une association d’actionnaires familiaux, descendants de Louis Mulliez et de Marguerite Lestienne, et de leurs conjoints, librement et volontairement engagés, responsables et unis depuis 1955 autour d’une mission, de valeurs et d’une vision commune. »

Chaque descendant détient des actions soit par donation, soit par succession, soit par achat, et notre actionnariat est organisé de telle sorte que tout associé familial soit libre de les vendre, et ce, bien que nous ne soyons pas cotés en Bourse. Les conjoints, quant à eux, sont recrutés comme associés à l’issue d’un processus d’agrément, comme tout descendant direct.

Au sein de notre famille, nous travaillons régulièrement sur nos valeurs et notre vision, afin de nous fixer un cap clair pour les vingt années à venir. Nous nous projetons à de telles échéances de manière à faire abstraction des personnes en place tout en mobilisant régulièrement nos jeunes générations.

Vous ne pouvez pas lire la suite de cet article