Offrir aux jeunes générations des possibilités de s’engager pour influencer la transformation de leur entreprise n’a jamais été aussi indispensable qu’aujourd’hui. Ainsi, en 2017, EDF a lancé un programme d’accompagnement de salariés de moins de 35 ans aux profils très variés. Ils sont 30 à disposer pendant un an de 10 % de leur temps de travail pour traiter les questions qui leur sont posées par le comex, en y apportant leur vision parfois décalée. Après cinq années, de nombreux enseignements sont à tirer de cette expérience.


Exposé d’Olaf Maxant, Robinson Graas et Julien Carette

Qui sont les Y ?

Olaf Maxant : En 2017, la génération Y était celle des moins de 35 ans, nés avec le numérique, qu’ils étaient censés maîtriser parfaitement, et dont on pensait qu’ils pouvaient avoir des aspirations différentes de celles du reste de l’entreprise. L’idée nous est donc venue de réunir 30 jeunes de moins de 35 ans et issus de tous les métiers d’EDF, afin qu’ils consacrent, pendant un an, de 10 à 20 % de leur temps à accélérer l’innovation et la transformation de l’entreprise face aux évolutions sociétales. Nous leur avons donné carte blanche pour bousculer les modes de fonctionnement du Groupe en proposant et en testant rapidement, sur des missions précises, des idées parfois décalées. Ces idées n’auraient pas pu émerger au sein des dispositifs existants. L’intention du président, Jean-Bernard Lévy, qui a soutenu ce projet dès l’origine, était d’alerter les dirigeants sur les virages à prendre et d’assumer auprès d’eux l’idée qu’un fonctionnement différent puisse être possible dans un groupe comme EDF, pourtant réputé pyramidal. Laisser la parole aux moins de 35 ans pouvait contribuer à atteindre cet objectif.

Les candidats et candidates sont issus de toutes les composantes du Groupe, qu’ils soient techniciens de centrale nucléaire ou directeurs de cabinet d’un haut dirigeant, parisiens ou commerciaux à Londres, etc. Tous les profils sont les bienvenus, sous réserve de remplir les prérequis que sont l’âge, la créativité, l’empathie, le sens du collectif ainsi que la volonté d’œuvrer pour l’innovation et la transformation de l’entreprise. Il est également obligatoire de comprendre un minimum le français, notre langue de travail. Les candidats sont ensuite appelés à répondre par écrit à un questionnaire d’une dizaine d’items. Chaque année, nous recueillons ainsi environ 300 dossiers en moins d’une semaine, qui sont ensuite confiés aux Y des promotions précédentes. Ces Y en dégagent une short list de 60 candidats qui passent un court entretien téléphonique mené par un cabinet d’innovation. Toute cette procédure préserve leur anonymat, pour éviter toute pression intempestive, d’où qu’elle vienne, et pour que leur spécificité soit préservée face, par exemple, à celle des détections managériales plus classiques.

Robinson Graas : La représentativité de tous les métiers et de tous les collèges du Groupe au sein des Y est réelle. On aurait pu craindre une surreprésentation des cadres parisiens, mais il n’en est rien et l’anonymisation des candidatures contribue largement à cette mixité professionnelle et statutaire. Cela montre également aux salariés que, dans l’entreprise, tout le monde peut être créatif et que cette démarche s’adresse à tous, sans exception.

Olaf Maxant : Les membres du comex, tout particulièrement le président, sont très attachés à ces aspects spécifiques du projet Y, ce qui contribue à assurer sa pérennité au-delà des idées produites. Cette connexion et les échanges directs avec les jeunes permettent à ces hauts dirigeants de mieux sentir le pouls de l’entreprise sans passer par l’intermédiaire des managers. L’équilibre entre hommes et femmes, sur lequel nous veillons lors des recrutements, contribue également à cette représentativité des Y.

Notre écosystème

Trois directeurs exécutifs du Groupe, membres du comex, et une personne du niveau comex-1 sont les parrains du projet et en assurent le pilotage stratégique et le cadrage. Ce sont Alexandre Perra, en charge de la direction de l’innovation, de la responsabilité sociétale de l’entreprise et de la stratégie, Véronique Lacour, en charge de la transformation et de l’efficacité opérationnelle, Christophe Carval, en charge de la direction des ressources humaines (DRH) du Groupe, et Julien Villeret, directeur de l’innovation. Chaque année, ils portent le réajustement du dispositif en fonction des résultats et garantissent sa pérennité. J’interagis régulièrement avec eux afin de garantir une bonne concordance entre leurs attentes et l’appropriation du projet par les Y. Ainsi, à la direction de l’innovation, nous proposons aux Y un soutien et des solutions méthodologiques, mais sans que cela soit contraignant afin qu’en définitive, les solutions proposées restent bien les leurs.

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