Note rédigée avec le concours de Marie-Laure Rigal, Alain Busson, Sihem Jouini, Dominique Centlivre et Michel Berry

De plus en plus de dirigeants d’États ou de grandes entreprises se mobilisent pour faire face aux enjeux écologiques, mais cela sera insuffisant sans l’implication des citoyens. Sur le terrain, de nombreuses initiatives fleurissent, mais elles exigent parfois tant d’héroïsme ou font face à de telles difficultés pour changer d’échelle que l’on peut douter que leur foisonnement soit à la hauteur des enjeux. L’École de Paris propose une plateforme de débats apaisés pour articuler ces deux dynamiques et élaborer un nouveau modèle de société…

Première note de l'Accélérateur du monde d'après


De plus en plus de dirigeants d’États ou de grandes entreprises se mobilisent pour faire face aux enjeux climatiques et écologiques. Cela restera insuffisant sans une mobilisation plus large, impliquant les citoyens. Or, sur le terrain, de nombreuses initiatives fleurissent, au sein des entreprises, des territoires, des associations. Mais elles exigent parfois tellement d’héroïsme ou font face à de telles difficultés pour changer d’échelle qu’on peut se demander si ce foisonnement sera à la hauteur des enjeux.

Dès lors, il paraît essentiel d’articuler ces initiatives venant du terrain avec celles qui sont impulsées par nos dirigeants, pour élaborer un nouveau modèle de société issu de ces initiatives. C’est pourquoi l’École de Paris du management propose de se constituer comme une passerelle à la fois entre ces deux dynamiques et entre les visions théoriques et les actions de terrain, et comme un lieu de débats apaisés pour démêler la complexité des questions à résoudre.

« L’humanité, déclarait Boris Johnson en ouverture de la COP26, a longtemps joué la montre sur le climat. Il est minuit moins une et nous devons agir maintenant. » « Ce quinquennat sera écologique, lui faisait écho Emmanuel Macron le soir de sa réélection, ou ne sera pas. » Ce volontarisme, auquel se rallient, un à un, chefs d’État et grandes entreprises, apporte une bouffée d’optimisme dans la course vers la transition et la sauvegarde de l’humanité. Cet optimisme doit être nuancé, à la fois par l’insuffisance des objectifs annoncés, régulièrement rappelée par les rapports du GIEC ou le Programme des Nations unies pour l’environnement, et par la croyance qu’il entretient que le salut viendra de nos seuls dirigeants. L’urgence de la situation – cet horizon temporel qui constitue une grande première dans l’histoire de l’humanité – s’accompagne du caractère systémique des changements à entreprendre. Dans la course contre la montre engagée, il faut non seulement parvenir à atteindre des objectifs importants – réduction des émissions de CO₂, préservation de la biodiversité… –, mais aussi inventer un modèle de société qui soit compatible avec ce contexte nouveau de limitation des ressources, lequel change radicalement la manière dont doivent être abordés l’économie, les inégalités, le rapport au vivant, le fonctionnement de la démocratie, l’éducation, l’exercice de la liberté, ou encore la manière dont on appréhende la mondialisation…

Or, tandis que chefs d’État et grandes entreprises sont engagés dans cette course avec les experts du GIEC, de nombreuses initiatives fleurissent de tous côtés, dans les entreprises ou les start-up, dans le monde associatif, sur les territoires ou du côté des citoyens. Beaucoup se retroussent les manches, considérant que l’ampleur du changement à opérer nécessite l’engagement du plus grand nombre, que l’on ne peut compter sur les seuls dirigeants pour réaliser ce changement, et que les comportements individuels comme les engagements collectifs seront déterminants dans la réussite de la transition. Ce faisant, ces initiatives amènent des éléments de ce qui pourrait être un autre monde et cette approche, émergente ou ascendante, vient en concurrence ou en complément de l’approche volontariste et descendante portée par les dirigeants de grandes entreprises et des États. Quand easyJet ou l’Inde annoncent respectivement des vols zéro émission pour 2050 et la neutralité carbone pour 2070, des acteurs de terrain s’activent, dans l’ombre, pour apporter des réponses aux différents enjeux soulevés par la transition.

Les initiatives qui se multiplient de tous côtés méritent d’être mises en lumière pour plusieurs raisons. D’abord, parce que les petits ruisseaux font les grandes rivières et que ces initiatives peuvent constituer des sources d’inspiration pour d’autres acteurs qui souhaiteraient s’engager. Ensuite, parce qu’elles peuvent nous aider à basculer dans une culture de la responsabilisation et de l’impact, quand la médiatisation des annonces des États et des grands groupes peut nous donner l’impression que le salut arrivera de nos seuls dirigeants et que nous sommes impuissants à notre échelle. Enfin, parce que la limitation des ressources impose de construire un nouveau modèle de société et que ces initiatives mises bout à bout constituent un laboratoire de ce que peut être ce modèle qui, dans la mesure où l’implication des citoyens est nécessaire pour réussir la transition, ne se décrètera pas, mais se construira à travers elles.

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