Créée en 1965, L’école des loisirs s’est faite le héraut du plaisir de lire et de l’émancipation par la lecture. Par sa politique éditoriale exigeante, elle a donné ses lettres de noblesse à la littérature jeunesse, et par la mobilisation d’enseignants et de libraires, elle l’a faite entrer dans nombre de foyers. Aujourd’hui, son marché est soumis à une nouvelle guerre de l’attention à l’égard d’enfants sursollicités. L’école des loisirs répond aux nouveaux enjeux dans une approche au long cours et en assumant d’être à contre-courant. 


Exposé d’Agathe Imbault


Mettre des livres entre les mains de tous les enfants, leur faire découvrir le plaisir de la lecture dès le plus jeune âge, les aider à se construire en se projetant dans d’autres mondes... l’utopie de L’école des loisirs est restée intacte depuis plus d’un demi-siècle, mais le siècle, lui, a changé : les écrans ont envahi les foyers, le temps consacré à la lecture s’amenuise, la déferlante du manga bouscule les repères esthétiques et économiques... C’est l’occasion pour notre maison, premier éditeur indépendant de littérature jeunesse, de se renouveler tout en réaffirmant son exigence éditoriale et artistique.

L’émancipation par la culture

Depuis sa création, L’école des loisirs est animée par une utopie : l’émancipation par la culture. Nous considérons le livre comme une porte ouverte sur le monde, car il élargit les horizons et les possibles, va à la rencontre de l’autre et contribue à l’épanouissement de soi. Plus le virus de la lecture est contracté jeune, plus il est tenace et libérateur. Aussi L’école des loisirs se donne-t-elle pour mission de proposer les meilleurs albums au plus grand nombre, pour un prix modique.

Une affaire de famille

Tout commence au début des années 1920, quand Raymond Fabry, directeur d’une école catholique dans le sud-ouest de la France, décide de monter sa propre maison d’édition de livres scolaires, tant les manuels d’alors lui semblent médiocres. Avec une famille cousine, il crée les Éditions de l’école des loisirs, société dont les statuts précisent qu’elle devra toujours être dirigée par un représentant de chaque famille fondatrice – principe qui reste en vigueur. L’entreprise se développe durant la première moitié du XXe siècle. Après le départ de Raymond Fabry, Jean Fabre, son héritier, en prend les rênes et y accueille son neveu fraîchement diplômé de HEC, Jean Delas, ainsi qu’un stagiaire typographe suisse, Arthur Hubschmid. Ces deux recrues comprennent vite que l’édition scolaire ne fera pas les beaux jours de l’entreprise et qu’il est temps de se tourner vers la fiction. Un trio se met en place en 1965, dans lequel Arthur Hubschmid définit la ligne éditoriale, Jean Delas élabore la politique commerciale et de communication, et Jean Fabre assure la gestion.

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