Une majorité de citoyens approuvent l’idée selon laquelle, face aux enjeux climatiques et écologiques, la sobriété devient indispensable. Pourtant, les pratiques sobres s’imposent encore très peu dans les faits. Au travers de ses travaux, Valérie Guillard explore cette contradiction pour tenter d’en comprendre les raisons, sous un angle original : celui du marketing. Cette démarche l’a conduite à aborder la notion de sobriété en interrogeant les manières de faire évoluer les comportements des consommateurs dans les différents secteurs.
Exposé de Valérie Guillard
Enseignante-chercheuse en sciences de gestion et marketing, mes travaux portent sur le comportement du consommateur – notamment à l’égard des objets matériels, thème de cette rencontre. En comprenant mieux la notion de sobriété, grâce à des approches transdisciplinaires, nous serons plus à même de la communiquer et de favoriser sa mise en pratique.
Je m’intéresse de longue date à la relation du consommateur à l’objet. J’ai ainsi choisi comme sujet de thèse la tendance à garder des objets alors même qu’on n’en a plus l’utilité. Par la suite, j’ai étudié différentes pratiques comme le don, la vente ou le dépôt d’objets sur le trottoir. En somme, j’ai voulu comprendre comment les objets circulent et la façon dont cette circulation peut devenir une alternative au marché. J’ai ensuite concentré mes travaux sur le gaspillage des objets. Je travaille actuellement avec Orange sur la sobriété numérique et avec l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) sur la sobriété matérielle.
Qu’est-ce que la sobriété ?
L’ADEME a élaboré quatre scenarii pour atteindre la neutralité carbone en 2050 : Génération frugale, Coopérations territoriales, Technologies vertes et Pari réparateur.
Il est intéressant de constater que l’ADEME estime que la neutralité carbone pourrait venir de la technologie, même s’il ne s’agit pas d’un scénario que je soutiens. Celui des coopérations territoriales me semble particulièrement pertinent, dans la mesure où le territoire constitue une très bonne unité d’analyse de la sobriété. Il y a beaucoup à faire pour mettre en place cette sobriété, étant entendu que l’incapacité des consommateurs à l’incarner dans leurs pratiques quotidiennes est l’un des principaux freins à son développement.
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