Les acteurs et institutions de la microfinance se sont multipliés dans le monde, avec du bon et du moins bon. Pour garantir la réussite des petites activités financées, la qualité de l’accompagnement peut être décisive. Comment développer l’impact social et environnemental de la microfinance en évitant d’adopter une approche trop mercantile ou, à l’inverse, trop philanthropique sans intégrer la question de la durabilité de l’ensemble ? La Fondation Grameen Crédit Agricole s’est engagée dans ce domaine avec des moyens importants.

Exposé d’Éric Campos

J’ai travaillé dix ans à l’Agence française de développement (AFD), avant de rejoindre le Crédit Agricole, où j’ai longtemps exercé dans la banque de détail, secteur finalement très proche de la microfinance. En 2016, j’ai pris la direction de la Fondation Grameen Crédit Agricole en ayant pour objectif de développer les synergies avec les entités du Groupe. En 2018, sans quitter la Fondation, j’ai également pris la direction de la responsabilité sociétale et environnementale (RSE) du Crédit Agricole, ce qui m’a permis d’être associé à l’élaboration de notre projet groupe. Dans ce cadre, je m’occupe aujourd’hui de l’animation du projet sociétal, l’un des trois piliers qui fonde notre raison d’être.

Dix ans d’activité, les dates clés

La Fondation Grameen Crédit Agricole a été créée en 2008, au beau milieu de la crise des subprimes, avec une dotation de 50 millions d’euros du Crédit Agricole. Elle s’est depuis affirmée par son professionnalisme.

En 2006, le prix Nobel de la paix est décerné à Muhammad Yunus et à la Grameen Bank pour avoir démontré qu’il était possible de prêter de l’argent aux pauvres afin de développer l’autonomisation de leurs capacités productives. Alors que Muhammad Yunus est très critique vis-à-vis du système bancaire en général, en raison notamment de sa difficulté à s’adresser aux personnes à faibles revenus, Georges Pauget, directeur général du Crédit Agricole, lui propose de créer avec sa banque une fondation pour lutter contre la pauvreté dans les pays émergents. Le premier financement par la Fondation Grameen Crédit Agricole aura lieu en 2009, au profit d’une institution de microfinance implantée au Kosovo.

Muhammad Yunus est l’un des théoriciens de la notion de social business, dont les principes sont les suivants : maximiser l’impact social de l’entreprise plutôt que son profit et réinvestir ses bénéfices plutôt que de verser des dividendes. La Fondation s’est également établie dans le social business à travers un fonds d’investissement. L’année 2011 est marquée par sa première prise de participation au capital de la Laiterie du Berger au Sénégal, une entreprise répondant aux critères du social business.

En 2013, l’AFD et la Fondation signent une convention d’assistance technique donnant naissance à la Facilité africaine, une ligne de financement qui permet de fournir de l’assistance technique aux petites institutions de microfinance rurales implantées en Afrique subsaharienne dépourvues d’accès aux financements locaux ou internationaux. Grâce à cette assistance technique, les petites institutions accroissent leur résilience et bénéficient, par ailleurs, des financements de la Fondation. Sept ans plus tard, le bilan est très positif, car toutes les institutions suivies ont augmenté leur taille, la qualité de leur fonctionnement et leur impact social.

En 2016, la Fondation reçoit un prêt de 10 millions d’euros de la Crédit Agricole Corporate & Investment Bank (CACIB) et, en 2018, est créé un fonds pour la finance inclusive en milieu rural, dans lequel 21 caisses régionales du Crédit Agricole ont décidé d’investir. Ces deux initiatives illustrent les très nombreuses synergies que la Fondation a développées depuis quelques années avec les entités du groupe Crédit Agricole qui s’investissent de plus en plus dans le secteur de la microfinance.

Un conseil dadministration diversifié

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