Le terme de ressources porte une nuance subtile qui lui confère tantôt une dimension de finitude – elle renvoie alors à un stock épuisable –, tantôt au contraire une dimension de régénération. D’un côté l’image du pétrole, de l’autre celle de la source qui rejaillit. La ressource est ce qui a de la valeur ou ce qui en produit.
Dans la notion de gestion des ressources humaines, l’on perçoit sans doute plus la première connotation : les ressources humaines ne sont pas les ressources des humains.
Le psychosociologue Yves Clot propose d’inverser la perspective. Les approches classiques des risques au travail, dit-il, considèrent le travailleur comme étant passif face aux risques. Avec son équipe, il considère au contraire que les travailleurs ont un point de vue sur la qualité du travail ; leur permettre de le confronter à d’autres par le dialogue et la controverse conduit à admettre le caractère contradictoire de cette notion de qualité. Ce faisant, on cesse de tricher avec le réel et l’on permet aux salariés de se reconnaître dans leur travail, ce qui a une incidence bénéfique aussi bien sur leur santé que sur la performance de l’entreprise. Soigner le travail pour ne pas gaspiller ses ressources...
Pour expliquer l’aventure de Poclain Hydraulics, celle d’un remarquable redéploiement, le PDG met l’accent sur l’importance extrême accordée aux collaborateurs. Entreprise d’engins agricoles créée en 1927, elle a périclité dans les années 1970 avant d’être relancée depuis 1985 autour de la transmission hydrostatique de puissance, pour constituer aujourd’hui une société réalisant 85 % de son chiffre d’affaires à l’international.
L’humain, c’est l’or du Cirque du Soleil. L’or, pas uniquement parce que l’entreprise recrute une grande partie de ses artistes parmi d’anciens champions de gymnastique, mais parce qu’ils constituent sa richesse première et qu’elle accorde un soin particulier à les faire briller. D’athlètes, il s’agit de faire des artistes. Étonnante transformation qui montre combien les ressources humaines sont insoupçonnées.
La Suisse est un exemple d’organisation gouvernée par son peuple, une forme d’archétype de démocratie. Matthieu Calame explique l’origine et le fonctionnement du système politique suisse, méconnu en France, qui repose sur la collégialité, et s’est érigé sur la méfiance vis-à-vis de l’Administration et la hantise de l’homme providentiel.
En clôture de ce numéro, John Kimberly et Hamid Bouchikhi évoquent les vertus de la transgression managériale. La transgression, source de changement organisationnel, relève de la violation par un individu, un manager, de ce qu’une communauté tient pour sacré, par exemple... la collégialité.
Leadership ou systèmes participatifs ? La reconnaissance des ressources de l’individu peut déboucher sur des modèles d’apparences opposées. Les ressources humaines sont inépuisables. Les débats sur les manières de les valoriser le sont tout autant.