Après avoir racheté, en 2018, STTM, entreprise souffrant d’un manque d’investissements, Alain Zelverte se lance dans la construction de l’usine de ses rêves : pas d’émissions directes de gaz à effet de serre, une centrale photovoltaïque, une gestion optimisée des déchets, l’utilisation de l’eau de pluie dans les process, une meilleure isolation thermique et acoustique… Outre les bienfaits environnementaux, la qualité de vie au travail est améliorée. Ainsi, on peut être à la fois vertueux et compétitif dans l’industrie.


Exposé d’Alain Zelverte

De l’expérience, des frustrations et l’envie d’être utile

Cela fait trente-cinq ans que je travaille dans l’industrie. Au fil des différents postes que j’ai occupés, j’ai souvent eu l’occasion de faire de l’ingénierie de site industriel et, dans ce cadre, de veiller à la préservation de l’environnement. Par exemple, j’ai été responsable de la stratégie environnementale d’un grand groupe qui produisait des batteries plomb-acide. Cela m’a donné l’opportunité de visiter de nombreux sites et d’analyser, puis d’améliorer différents procédés de traitement d’air et de traitement d’eau. Ensuite, j’ai pu mettre en œuvre ce que j’avais appris dans la réalisation d’une très importante extension d’usine. Puis j’ai travaillé dans une PME qui effectuait du traitement de surface – ce qui est également complexe au regard de la protection de l’environnement – et j’ai entièrement piloté la construction d’une nouvelle usine.

De la difficulté à faire prendre en compte l’environnement

Au cours de ma carrière, j’ai aussi subi un certain nombre de frustrations. Dans le groupe qui produisait des batteries plomb-acide, où je suis resté pendant dix ans, l’un de mes chevaux de bataille était d’équiper les usines de nouveaux filtres, qui permettaient de faire passer les rejets d’1 milligramme par mètre cube à 1 microgramme par mètre cube, mais qui coûtaient trois fois plus cher. Pendant les trois premières années, le groupe était français et j’arrivais à négocier avec la direction. Puis il est devenu italien et, pendant les trois années suivantes, j’y parvenais également. En revanche, quand il a été racheté par des Américains, la direction générale ne s’intéressait plus qu’au taux horaire de production et aux relations avec les syndicats. Aujourd’hui, ce groupe ne fabrique plus aucune batterie en France et tout ce que j’avais patiemment réussi à construire a donc disparu.

Des ambitions contrariées

Après cette expérience, j’ai racheté avec des amis, à la barre du tribunal, une entreprise du secteur automobile qui comptait 170 salariés. Elle était à l’arrêt depuis six mois et il fallait tout reconstruire à partir de zéro : la faire à nouveau homologuer par les constructeurs, développer le chiffre d’affaires, etc. Pendant sept ans, tout s’est bien passé. Puis nous avons rencontré un aléa économique : les cours des matières premières s’étant envolés, il fallait réinjecter des fonds dans l’entreprise. J’étais prêt à le faire, car j’avais envie de développer cette société, mais mes amis, qui étaient assez âgés, n’avaient pas la même stratégie et personne n’a voulu remettre au pot. Nous nous sommes retrouvés au tribunal et nous avons tous été rincés. Je suis resté une année de plus dans l’entreprise, pour passer la main à mon successeur. J’ai néanmoins eu à nouveau l’impression que tous mes efforts avaient été vains.

Ensuite, je suis venu en Mayenne pour diriger une entreprise qui produisait des bus. Je n’étais pas actionnaire, simplement dirigeant et je me suis également beaucoup investi dans cette société. Au bout de quelques années, à la suite de modifications d’actionnariat, mes fonctions ont évolué et je ne m’y suis plus retrouvé.

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