Depuis la création de Socotec, au lendemain de la seconde guerre mondiale, des générations d’ingénieurs ont créé et développé des méthodes de contrôle technique appropriées aux différents ouvrages. En 2013, un LBO a eu pour but de relancer l’entreprise, puis Hervé Montjotin a été recruté, en 2016, pour accélérer le mouvement. Il nous explique comment il a conduit la réinvention de l’entreprise – dont les effectifs, comme le chiffre d’affaires, ont grandement augmenté – pour qu’elle devienne la référence mondiale dans son domaine. 


Exposé de Hervé Montjotin

Je suis normalien et j’ai une formation d’historien et de sociologue, complétée par un master à l’École supérieure de commerce de Paris. J’ai démarré ma carrière dans le conseil, au sein du cabinet Bossard Consultants, qui avait développé un savoir-faire autour de la conduite du changement. C’est dans ce cadre que j’ai découvert le monde de l’entreprise, alors que rien ne m’y préparait au départ. Puis j’ai rencontré le fondateur de la société de transport et de logistique Norbert Dentressangle et j’ai travaillé pendant vingt ans dans cette entreprise qui, au cours de cette période, a vu son chiffre d’affaires passer de 300 millions d’euros à 5 milliards d’euros. Pendant les cinq dernières années, j’étais CEO de l’entreprise, jusqu’au moment où nous l’avons vendue à un groupe américain, XPO Logistics.

J’ai aujourd’hui 57 ans et j’ai rejoint Socotec il y a sept ans. Cela fait donc douze ans que j’exerce le métier de CEO dans le monde du people business, c’est-à-dire dans des entreprises caractérisées par une forte intensité de main-d’œuvre, même si j’avais affaire à des cols bleus chez Norbert Dentressangle et qu’il s’agit d’ingénieurs chez Socotec. Dans les deux cas, le dirigeant est obligé, chaque matin et chaque soir, de se demander comment faire en sorte que ses collaborateurs soient plus motivés que ceux de son concurrent. Si cette question ne le préoccupe pas en permanence, il risque de ne pas atteindre ses objectifs.

Les origines de Socotec

L’OGBTP (Office général du bâtiment et des travaux publics) a été créé au lendemain de la première guerre mondiale pour coordonner la reconstruction des régions sinistrées du Nord de la France. En 1929, il a fondé le Bureau Sécuritas, une association à but non lucratif qui est devenue le premier organisme d’inspection des constructions en France. Après la seconde guerre mondiale, qui a laissé plus de 2 millions de bâtiments endommagés ou détruits, et en raison du nombre croissant de dossiers que les maîtres d’ouvrage et les gestionnaires ou les compagnies d’assurance confiaient au Bureau Sécuritas, l’association a été obligée de créer une société commerciale à laquelle ont été attribués les aspects opérationnels du contrôle technique ainsi que les inspections rémunérées.

Les autres grandes entreprises du secteur ont également été créées dans des périodes de fortes mutations économiques. Bureau Veritas a été fondé vers 1830, période de recrudescence des naufrages, par des assureurs qui ne voulaient plus accorder leur garantie aux armateurs si un inspecteur indépendant n’allait pas vérifier l’état du bateau avant son départ. L’APAV (Association des propriétaires d’appareils à vapeur) a été fondée en 1867, dans le cadre de la première révolution industrielle, par des industriels qui prenaient conscience des risques nouveaux liés à la technologie des moteurs à vapeur. Elle est devenue l’APAVE en 1949, en raison du développement des services électriques.

La Société de contrôle technique, créée après la seconde guerre mondiale, a pris le nom de Socotec en 1953 et nous avons fêté cette année son 70e anniversaire. Ses ingénieurs ont développé et parfois créé eux-mêmes les méthodes de contrôle technique des bâtiments et des infrastructures. Dans les années 1960 à 1980, les grands “sachants” du béton, ceux qui enseignaient au CHEBAP (Centre des hautes études du béton armé et précontraint), travaillaient chez Socotec.

Le secteur des TICC

Vous ne pouvez pas lire la suite de cet article