Éditorial

Par Thomas PARIS

La rentrée des classes, l’un des rituels immuables qui scandent une année, s’est déroulée cette fois dans l’ombre envahissante de l’intelligence artificielle générative, sur fond du questionnement lancinant qu’elle charrie : à quoi bon ? Si nul ne pose cette question ouvertement, l’irrésistible diffusion de ces outils interroge le rôle et la forme de l’éducation. Quoi et comment enseigner ? Quelles connaissances transmettre alors que de nouveaux outils auraient le pouvoir de puiser dans l’intégralité du stock de connaissances de l’humanité pour répondre à n’importe quelle injonction, à n’importe quelle requête ?

Mais voilà, c’est l’idée même de stock qui fait tiquer. Indépendamment des questions vertigineuses que soulève la perspective de fabriquer des générations d’individus sachant manier les outils mais concédant à la machine l’apparente maîtrise du savoir, la connaissance évolue. Transmettre des connaissances s’inscrit dans un équilibre subtil qui conduit à rendre possible leur évolution, voire leur remise en cause. Einstein a relativisé les théories physiques qui lui avaient été enseignées, et l’ordinateur quantique rendra peut-être obsolètes les ordinateurs tels que nous les connaissons. L’histoire de la civilisation est faite de ruptures, dont tout conduit à penser que l’IA est incapable. Car si elle tourne très vite, la bougresse, c’est en rond, comme un hamster dans sa roue.

Des ruptures, certes, mais c’est néanmoins une logique d’accumulation qui semble se dessiner sur la longue période, depuis l’invention de la roue, la découverte du feu et les travaux de penseurs que l’Histoire a jugé bon de ne pas envoyer aux oubliettes : même l’intelligence artificielle “sait” encore qui sont Thalès, Hippocrate, Aristote et Archimède. Nous sommes, de génération en génération, depuis la nuit des temps, des nains sur les épaules de géants de plus en plus imposants, et nous nous mordons d’ailleurs les doigts, nains que nous sommes! d’avoir perdu le secret de la construction des pyramides, des aqueducs romains ou de Notre-Dame de Paris.

Transmettre est une affaire de patrimoine. Pas uniquement de patrimoine individuel ou familial, c’est une affaire de patrimoine commun, celui qui fait que si l’espèce humaine est capable de génie – aussi capable de génie, devrait-on dire aujourd’hui – celui-ci est rarement individuel, il est aussi perché sur les épaules d’autres génies, ainsi que sur celles, plus prosaïques, de collectifs, d’organisations, de sociétés. Un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle, dirait-on en Afrique. La transmission d’une entreprise peut aussi s’avérer un moment critique pour la préservation de connaissances, de savoir-faire, de valeurs, d’une culture.

La transmission est d’une certaine façon l’essence de notre humanité. Elle est l’inconnue de l’équation fondamentale de toute organisation sociale, celle qui structure la marche du monde depuis des siècles, celle dont la résolution occupe les parlements de tous pays, celle qui fonde la quête d’équilibre des entreprises entre deux pôles, respectivement incarnés par les termes d’innovation d’un côté, de valeurs ou de raison d’être de l’autre.

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