Nous sommes embarqués dans un train lancé à pleine vitesse, depuis lequel nous voyons les forêts s’embraser et les pluies diluviennes déferler. Cette métaphore, dont on peut penser qu’elle traduit bien l’urgence climatique, a ceci d’intrigant qu’elle suggère que l’humanité vient enfin – seulement –, deux cent mille ans après l’apparition d’Homo sapiens, d’être confrontée à l’idée de trajectoire. Deux cent mille ans durant, nous étions des individus s’égaillant et se baguenaudant ; nous devons désormais, pour la première fois de notre histoire, regarder devant nous, prendre en compte notre trajectoire commune, celle de la planète et de l’ensemble de ses occupants. Une trajectoire qui est principalement celle des températures, dont nous sommes amenés à surveiller de manière régulière que leur augmentation soit contenue pour éviter une sortie de route dramatique.
Changements de trajectoire et changements de perspective vont de pair, si l’on en croit les articles de ce numéro. Dans un exercice de prospective, l’ADEME a décrit quatre scénarios pouvant nous maintenir dans une trajectoire de hausse de température acceptable. Certains de ces scénarios reposent sur des paris, d’autres sur un volontarisme commun, comme celui de la sobriété. Celui-ci implique une dimension collective puisqu’au-delà des actions individuelles, il faudra construire des infrastructures adaptées. Avec ce scénario, ce sont nos valeurs et nos représentations qui doivent évoluer.
Danone, assumant de ne plus se contenter de lancer un nouveau yaourt pour changer les pratiques et apporter des solutions aux défis de l’agriculture et de l’alimentaire, a conclu que ce changement de perspective ne pouvait se faire dans la continuité. Le lancement de la marque Les 2 Vaches s’est appuyé sur une entreprise qui s’était bâtie dans la prise en compte des parties prenantes, avec la volonté que ce rapprochement infléchisse sa propre trajectoire. Chez L’Oréal, c’est la prise en compte des enjeux de RSE qui a un effet sur la marche de l’entreprise. Pour une start-up industrielle, la trajectoire même est un processus de transformation des perspectives des différentes parties prenantes : clients, usagers, financiers. Pour Aerial Coboticus, il s’agit de faire accepter la perspective que des travaux en zones inaccessibles puissent être réalisés par des drones.
Dans un autre domaine, Salto a été conçue par les chaînes françaises TF1, M6 et France Télévisions, pour répondre à la nouvelle donne amenée par le développement des plateformes de vidéo à la demande. La baisse de l’écoute de la télévision linéaire et la concurrence nouvelle de ces plateformes ont dessiné un nouveau contexte, qui leur ont fait comprendre que si elles étaient concurrentes sur le marché de la télévision linéaire nationale, elles étaient solidaires dès lors qu’elles adoptaient une perspective plus large.
La métaphore ferroviaire porte une autre idée intéressante. En effet, nous ne pouvons éviter le déraillement qu’à la condition de ne plus nous considérer comme des passagers impuissants spectateurs d’un environnement qui nous dépasse, mais de nous voir comme des acteurs solidaires d’une trajectoire commune ayant une action sur notre environnement. Il nous faut changer de perspective.
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